Depuis deux ans, l’expert Jean-Baptiste Cottenceau, directeur général de Sustainable Metrics, voit progresser la demande des PME pour réaliser un bilan carbone.

Peut-on dire que les PME s’emparent du sujet transition écologique ?

Elles sont un peu plus nombreuses, TPE comprises, à vouloir s’y intéresser. Elles y viennent doucement. Après un « effet COP » qui avait fait bouger les grandes entreprises, il y a eu une « gueule de bois » : trop de climat… Et le sujet est reparti, cette fois dans les PME, sous l’effet conjugué de plusieurs éléments. La mobilisation des jeunes a contribué à une prise de conscience des dirigeants, parce que le débat s’est aussi tenu à la table familiale. Ensuite, l’arrivée de réglementations et de nouveaux acteurs, comme la construction, pousse à envisager des solutions alternatives bas carbone. Un autre levier vient de la finance : les investisseurs ont commencé à regarder ce qui se passait dans leurs participations. Une PME ou une ETI en quête de fonds doit de plus en plus souvent respecter des critères environnementaux , sociaux et éthiques. Depuis deux ans, la demande des PME pour réaliser un bilan carbone s’accélère. S’interroger et mesurer l’impact de ses activités sur le climat est une première étape indispensable.

Vont-elles au bout de la démarche ? Se lancent-elles dans l’écoconception, lorsqu’elles ont été créées sur un « ancien modèle » ?

Elles sont rares à le faire mais il y en a. Je pense à une entreprise de 150 salariés, dans les dispositifs médicaux, qui s’est lancée dans l’écoconception, après son bilan carbone. Pour limiter leur empreinte, il fallait agir sur la masse d’acier utilisée. L’ingénieur de fabrication a proposé de réduire l’épaisseur des tôles. Il leur faut valider la faisabilité technique, économique et financière, mais le coup est parti. L’ampleur de la démarche ne leur fait pas peur ; elle entre dans leurs actions de progrès. Ils ne sont pas au pied du mur, ne subissent pas de pression de leurs clients. Ils considèrent qu’il va maintenant falloir trouver l’équation économique pour modifier leurs pratiques et proposer des produits différents.

Quel regard portez-vous sur le nouveau dispositif de l’Ademe dédié aux PME ?

Il serait dommage de ne pas prendre une aide fléchée vers la transition écologique des PME. Il aurait été plus logique et pertinent de disposer d’aides spécifiques au diagnostic et d’ouvrir ensuite la voie à des subventions pour des investissements définis en fonction des résultats. Il est vraisemblable que l’abri vélo ou le panneau photovoltaïque subventionné ne constitue pas une priorité pour la transition énergétique de l’entreprise, qui aurait, par exemple, besoin d’investir dans l’isolation des murs intérieurs, des équipements industriels plus sobres, ou des offres décarbonées. Mais l’Ademe, qui fait depuis quinze ans énormément de pédagogie sur l’empreinte carbone, déploie là un dispositif très opérationnel qui permet à une PME de déployer une action. C’est du concret. Peut-être faut-il plus parler de coup de pouce que de tremplin.

Source : https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/environnement-les-pme-y-viennent-doucement-1310908